Arrivée de Lehla al Sabah

Le soleil allait se coucher sur la plaine. Il se reflétait dans l'eau de la mer avec des couleurs variant du violet au jaune en passant par un rouge étincelant. La beauté des lieux est surréaliste.

Comme chaque jour, Judge Ju scrutait l'horizon. Cela faisait quelques jours qu'il ne parlait plus ou presque plus. Il allait retourner dans la tente principale de La Caravane lorsqu'un son attira son attention...

Ohé! La Caravane! Ohé!

Revenant sur ses pas, il chercha d'où pouvait provenir ce son... et détecta une petite silhouette gesticottante à l'horizon, éclairée par les derniers rayons du soleil mourrant.

La silhouette se rapprochait en courrant. Les autres habitants de La Caravane étaient sortis de leur tente et se tenaient prêt de Judge Ju... Yohansen mis une main sur l'épaule de son frère et lui dit:

C'est elle?

On entendit plus clairement au loin...

Aliyah! Ohé les Caravaniers! J'arriiiiiiive!

Judge Ju sourit...

Oui, pas de doute la dessus!

C'était bien Lehla. Sur les derniers 100 mètres, elle courrut comme une dératée, lâchant tout son barda sur son chemin, laissant à l'abandon derrière elle les dernières rations de nourriture, d'eau et de médicaments qu'elle avait apporté avec elle...

Aliyaaaaaaaah!

Elle se précipita comme un boulet dans les bras de Judge Ju, qui recula dangereusement sous l'impact, cherchant son équilibre. La furie le couvrait frénétiquement de baisers sur tout le visage, accrochée à lui comme un singe sur sa branche, sussurant des "Aliyah, amour, tu m'as manqué", etc.

Judge Ju virait littéralement au rouge, gêné de cette scène devant ses camarades... mais Lehla ne semblait même pas noter leur présence...



Après un long baiser langoureux en apnée, Judge Ju trouva enfin le moyen de dire quelques mots, toujours croulant sous la jeune fille agrippée à lui.

Heu... Lehla, on n'est pas seuls, là....

La jeune femme releva la tête et découvrit l'assistance médusée. Fendue d'un sourire d'une oreille à l'autre, elle sauta des bras de Judge Ju, sans lui lâcher pas la main pour autant. Elle alla directement vers Yohansen...

Shalom, Yohansen... ça faisait un bail qu'on ne s'était vu. On a commencé dans de mauvaises conditions, toi et moi. Faisons table rase du passé. On va faire de grandes choses ensemble... OK beau-frère?

Puis se tournant vers Azraël...

Pareil pour toi, Azraël... à l'époque, je ne pouvais pas clâmer haut et fort que je cherchait à museler de l'intérieur des agissements de BenBen... sans rancune?

Et enfin vers Proteus et Nikita...

On ne se connait pas, mais je suis sure qu'on fera une bonne équipe... j'ai amené de quoi aider la communauté... je suis crevée, mais dès que je reprendrai du poil de la bête (regard malicieux vers Judge Ju), je donnerai le maximum de moi-même pour cette communauté...

Se blottissant contre Judge Ju et l'entraînant vers la tente, plantant là l'assistance, elle lui sussura à l'oreille (tout en y mettant la langue, par ailleurs):

Aliyah, tu me fais visiter?

Le sourcier ne sembla pas très heureux de voir celle qu'il avait rencontré quelques mois plus tôt.

'Sans rancune', qu'elle disait... Crétine... Et va falloir que je lui file à boire, à cette tordue... Pourquoi elle nous a pas rejoint plus tôt ? Cette histoire avec BenBen, c'était du crak, obligé...

La courtoisie faisant loi dans cette communauté encore vièrge de tout conflit, il renvoya tout de meme un sourire à l'approche maladroite de Lehla...

Salut...

Il lui lança une outre pleine qu'elle attrapa au vol.

Là, les réserves sont bonnes et on a de quoi faire, mais dans quelques semaines, le temps va changer, alors, vas y doucement.

La jeune femme - trop jeune pour lui - se bécassa encore avec Judge, et, quand elle détourna ses yeux de son mec, le grincheux ajouta :

S'il y a un terrain dans le coin qui te plait, fais moi signe.

Il n'était pas prêt d'oublier les épopées du passé, celui là...

Yohansen etait content pour Judge mais avait encore en tete les conditions dans lesquelles Samael etait mort dans le bosquet des pirates, et la facon dont Lehla avait fouille son cadavre....

Il avait decide de lui donner le benefice du doute a cause de Judge mais il lui faudrait gagner sa confiance, et c'etait pas gagner. Il comprenait qu'Azrael et Proteus ne soient pas enchantes par son arrivee.

" Salut Lehla, bienvenue chez nous..."

Il vit Lehla s'engoufrer dans la tente avec Judge. Il les arreta et dit:

"Les tourtereaux, on la partage cette tente, et le desert il est grand, alors allez faire vos galipettes ailleurs. Ca grattera peut etre un peu mais on est pas a ca pres, hein...."

Malheureusement pour tout communaute, plus il y a de monde, plus il y a une chance de conflit. Equilibre precaire....

Au vu de l'accueil d'Azael et de la mine fermée de Yohansen, Lehla comprit que les raisons de son appartenance au groupe de BenBen n'avait pas été expliquées au groupe... et que cela minait dès le départ leur relation. Elle regarda Judge d'un air interrogateur... du genre "Quoi? Tu ne leur as pas expliqué?"...

L'humeur joyeuse de la jeune femme tomba comme un soufflé. Elle lâcha la main de Judge Ju sous la surprise... regarda Yohansen, Azraël et Proteus... visiblement, le chemin va être long.

Judge allait être envoyé par Yohansen en mission de reconnaissance d'un cadavre à quelques lieues d'ici.

Mouais...

La longue marche forcée qu'elle avait faite pour rallier La Caravane l'avait épuisé. Elle ne se sentait ni la force ni l'envie de faire face aux récriminations de ses nouveaux camarades. Comment leur expliquer?

HRP / Je supprimerai les références HRP. Par contre Lelha, tu vas un peu vite en besogne. Juj est pas encore parti, et vu la tournure des événements, possible qu'il parte pas. Faudrait que tu modifies la fin de ton dernier message pour prendre ça en compte et coller avec mon intervention. / HRP


Son coeur avait bondi dans sa poitrine lorsqu'il avait reconnu Lelha au loin, et il ne put s'empêcher de sourire en la voyant accourir vers lui. Son long voyage dans le désert l'avait pas l'air de l'avoir epuisée outre mesure et il eut du mal à rester debout lorsqu'elle sauta dans ses bras.

Salut ma belle...

Il aurait préféré que leurs retrouvailles se fassent dans une intimité plus stricte, mais la jeune femme ne semblait pas se soucier de ses compagnons qui les observaient, ce qui le plongea dans un grand embarras sans malgré tout entamer la joie qu'il ressentait.

La suite fut moins joyeuse lorsqu'il apparut clairement que l'intégration de la jeune femme allait poser quelques problèmes... Il grimaça, sentant sa joie retomber d'un seul coup quand il vit les mines sombres et renfrognées de son frère et d'Azraël. Sur le coup il ne sut que répondre ni que faire, mais lorsque Lelha se fut éloignée, visiblement abbattue par leur accueil, il explosa.

Putain ! C'est quoi c'bordel. J'pensais que tout l'monde était content qu'Lelha vienne. C'est quoi ces histoires avec Ben Ben et compagnie ? Et d'abord, qu'est c'qu'on en a à battre ? On est tous dans la même galère maintenant, paumés à six dans une communauté au milieu du désert. Si on commence à s'faire la gueule on est mal barré.

Il observa les visages fermés autour de lui, et continua sur le même ton sans leur laisser le temps de réagir.

Au début, c'était chacun pour sa peau. Moi même j'ai fait des trucs pas glorieux à mon arrivée. L'passé, c'est l'passé ! Alors merde, soit vous accueillez Lelha un peu mieux, soit j'me barre !

Il avait prononcé cette dernière phrase sous le coup de la colère, sans vraiment envisager au fond de lui pouvoir quitter la Caravane. Il donna un coup de pied rageur sur un petit monticule de sable avant de partir pour rejoindre Lelha...

Cette nuit-là, elle ne dormit pas dans la tente de La Caravane. Judge Ju était à côté d'elle, et essayait de la réconforter à sa manière... Elle resta dehors, non loin. Le sommeil ne venait pas. Regardant les étoiles, elle chanta à voix basse une mélopée nostalgique en hébreu... Judge Ju frôlant à peine son tam-tam pour ne pas déranger des Caravaniers.

(HRP: mettez le volume assez bas, ça le simulera assez bien la mélopée).

Le coeur n'y était pas...

La nuit porte conseil, Aliyah... crois en notre bonne étoile. Ce n'est qu'un couac de départ. Je les comprends, tu sais... ça n'est pas si facile, cette histoire... au temps où ils s'appelaient La Section du Chaos. Ils semblent avoir oublié qu'à l'époque, ils étaient les plus menaçants de la région, avant que leur manque de médicaments ne les forcent à la retraite et que Samael meure. Ils n'ont pas été toujours aussi démocratiques et ouverts qu'aujourd'hui. Et d'une certaine manière, j'ai réveillé par ma présence les fantômes du passé.

Au petit matin, elle se décida à essayer d'assainir leur relation en expliquant au moins ce qui s'était passé... c'était la moindre des choses. Elle se saisit alors du journal de La Caravane et commença à y écrire...

Voir Explications dans le Carnet de Bord de La Caravane

"J'ai pas envie de rentrer dans les details mais notre version des faits est differente. Ben Ben avait deux fois plus de victimes que nous a l'epoque. Mais comme dit Judge, le passe, c'est le passe."

"De toute facon, se faire la gueule ne va rien arranger. Donc on va faire un effort, mais il faudra que tu gagnes notre confiance. Les reserves, je continuerai a m'en occuper jusqu'au prochain vote, tu viens juste d'arriver, c'est trop tot."

Yohansen etait las... il ne souhaitait pas continuer cette discussion.... il partit dans les dunes... presque 1 an qu'ils etaient plantes sur cette planete de merde.... il pensa a Helene sa compagne sous le ciel etoile... a cet enfant tant espere... a leur mort... a ses victimes.... l'emotion l'envahit....il etait seul......

Nikita était assise au bord du lac, méditant cette fois ci sur l'instinct de survie et le nihilisme, gribouillant quelques mots sur son carnet. Elle savait q'un médecin allait venir. Elle était contente, elle se disait que peut être un médecin pouvait l'aider dans ses travaux.

Quand Lehla arriva, Nikita partit l'accueillir avec les gars. Mais celle ci s'était jetée sur Judge Ju sans faire trop attention aux autres.

Elle salua la nouvelle avec une petite voix timide et un petit sourire aux lèvres: " Bonjour", mais elle ne l'entendit pas.

Yohansen et Azrael paraissaient grincheux et regardaient la nouvelle d'un oeil suspect. Nikita s'éclipsa vite fait, et repartis sur les bords du lac méditer.

Après avoir écris sur le Carnet de Bord de La Caravane, Lehla avait attendu les réactions. Celle de Yohansen lui semblait raisonnable, mais aucune réaction, positive ou négative, n'était venue d'Azraël ou de Protéus. Cela la chagrinait.

Judge Ju était entretemps le cul entre deux chaises, et elle le savait...

- Ne te frappe pas pour tout ça, Aliyah. De totue façon, il aurait fallu perce l'absès un jour ou l'autre... c'est aussi bien ainsi. J'espère juste qu'Azraël et Proteus comprendront et pardonneront comme Yohansen l'a fait... j'y crois, en tout cas. Mais dis moi, tu ne m'avais pas dit qu'il y avait une autre fille ici? Je ne l'ai pas vue...

- Parce que tu n'as pas fait attention, Lehla, lui répondit-il. Elle doit être prêt du lac, je pense. Elle s'appelle Nikita.

- Ha... alors je vais aller lui dire bonjour. A tout à l'heure, Aliyah.

Lehla arriva au lac et aperçut la jeune femme assise, en train d'écrire. Elle s'assit à côté d'elle et lui dit:

- Bonjour... je m'appelle Lehla. Désolée pour tout ce chambardement à mon arrivée, mais il y avait des trucs assez vieux à évacuer de part et d'autre...

Elle la regarda attentivement... Nikita lui semblait être une jeune femme timide et tourmentée. Presque fragile. Elle semblait sensiblement du même age qu'elle... peut-être même plus vieille. Lehla ne savait pas trop comment briser la glace... elle lança assez maladroitement:

- Tu sais, moi aussi j'aime bien prendre des notes sur tout ce qui m'intéresse... attends, je te montre...

Faune de Pandora
L'eau, source de vie ou danger?
La Zombinite
Pharmacologie Pandorienne

Et toi, tu écris quoi, exactement?

Il avait rejoint Lelha, s'était assis prêt d'elle en lui prenant la main et avait observé l'horizon sans un mot pendant un instant. Puis il l'attira contre lui lissant tendrement ses cheveux noirs pour la réconforter, le coeur lourd après les derniers événement.

Je suis désolé...

Il dormirent l'un contre l'autre, d'un sommeil agité qui ne les reposa qu'à moitié. La joie qu'il avait pressenti pour le retour de son aimé avait en cette nuit un goût amer.

Au petit matin Lelha avait repris du poil de la bête, bien décidée à prouver à ses nouveaux compagnons qu'elle méritait de devenir une des leurs à part entière. Il ne fit rien pour briser ce bel élan, l'encourageant du mieux qu'il le put. Mais au fond de lui même il sentait que quelque chose ne tournait pas rond à La Caravane. Il sentait que son frère tombait de plus en plus dans une profonde déprime et qu'il n'en devenait que plus dur et acariatre. Et il ne savait que faire pour l'en sortir...

Il laissa Lelha rejoindre Nikita et partit chercher de quoi manger pour s'occuper l'esprit...

Il avait plu. Le jeune sourcier était content. Il marcha un peu autour des metres carrés trop peu nombreux qui constituaient son nouvel havre de paix sur cette mystérieuse planete.
C'est là qu'il découvrit les notes laissé par la jeune herboriste.
'Quelle gamine... elle a pas le cran de venir nous voir ?'
Sous ce soleil naissant, la journée paraissait soudainement moins belle.
Il la chercha cinq minutes, mais il se rendit vite compte qu'elle était encore avec Ju.
'Un seul couple, c'est pas une bonne configuration... C'était quoi, son vieux coup de pression, à Ju, hier ? Facile de débarquer avec un sourire en faisant mine d'enterrer le passé, il était pas là, lui...'
Il alla bosser un peu. L'eau s'évaporerait dans quelques heures, alors autant s'activer au plus vite...
Quand il revint avec quelques litres, il la vit en train de regarder des plantes, ou une connerie du genre, qu'elle avait étallé sur une sorte de drap plus ou moins propre.
'Elle va surement nous dire que c'est de l'aspirine, cette cruche...'
Il l'avisa 30 secondes, elle le voyait pas, et c'était tant mieux.
Il aurait été incapable de survivre seul ici, surtout pendant les périodes chaudes. Alors après tout, si elle le faisait pas chier, il la ferait pas chier non plus...

Ahem... heu, salut. Il esquissa un sourire, elle aussi, mais s'il ignorait si celui de la minette était sincère, il n'y croyait pas vraiment, au sien.
Désignant les trucs verts ou grisatres étallés : Je sais pas où tu les trouves, elles se ressemblent toutes, pour moi...
Il faisait l'intéressé, mais en vrai, il en avait rien à foutre, tant qu'il n'avait pas 40 de fièvre, ses herbes, elle pouvait se les garder !
Ecoute, heu, j'ai lu ton truc, sur le journal. Il y a pas de probleme avec l'ambiance. Il y en aura pas, je veux dire. Le truc, c'est que je pardonne pas facilement, et je donne jamais ma confiance, à moins d'être vraiment fort pour la gagner. Jusqu'à présent, je dois ma survit aux deux zigotos qui ont fait route avec moi, et ca me suffit...
Et heu, personne fait la gueule, je sais pas pour Yohensen, mais moi, c'est juste que je suis pas bavard, j'aime pas parler, mais dis pas que j't'aime pas, c'est pas le cas.
...
Bon, je vais aller faire un tour, bon courage avec tes plantes.

D'abord sur la défensive face à Azraël dont elle redoutait la réaction, un grand sourire envahit son visage lorsque celui-ci lui expliqua qu'il n'avait pas de rancoeur envers elle. Une joie immense l'envahit... une joie tellement forte qu'elle ne put s'empêcher de... le serrer dans ses bras longuement en criant:

Mazeltof! Ca c'est une bonne nouvelle!

Puis, notant sa rigidité et se rappelant soudain qu'il avait clairement signifié qu'il était plutôt du type solitaire, elle se désengagea prudemment... l'air gêné de par sa gaffe, murmurant:

Ahem... désolée...

Ahem... Souhaitant ajouter une touche d'humour à la situation Ton mec est mieux batti que moi, je ne voudrais pas qu'il pense des choses...

Il lui sourit. C'était une gamine, mais elle n'avait rien de méchant.

Profite bien de la matinée pendant qu'il fait frais, ca va tapper, tout à l'heure...

Et il s'en alla vers sa tente.

HRP: Nikita, on a un RP en cours, là... ta réponse?

hrp: il y a une incohérence spatio temporelle dans les récits...c'est pas possible que tu puisses me parler à moi et à Azrael en même temps. Je continue par Mp, pour ne pas gacher ce post . Mais bon je met un exemplaire ici, pour les autres si ça vous branche[/hrp]



Nikita pris le POD de Lehla et commençait à lire ses travaux. Elle n'y comprenait rien mais faisait semblant de comprendre, pour ne pas montrer son manque évident d'éducation. Elle n'avait eu qu'une éducation religieuse, et lisait, en cachette, quelques livres philosophiques interdits dans le couvent où elle était sur Terre.
Elle rendit le POD à Lehla, puis dit avec une voix timide et gênée:

" - PHar, parm, pharloco, phar - ma - co - lo - gie, désolé mais j'n' comprend rien à c' que t' as écrit.
* Nikita prit une grande inspiration*. Pour m' part j'écrit en c' moment sur la croyance au néant. J'avais lu un livre de Neitziche au couvent et p'uis là j'essaye de comprendre ce que pourait produire une société qui croit au néant.

* Nikita donna son petit carnet à Lehla*, bon c'est encore loin d'être finis ."
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La Croyance au Néant.


Nous vivon, nous pensons, nous agissons, voilà qui est positif ; nous mourrons, ce n'est pas moins certain. Mais en quittant la terre, où allons-nous ? que devenons-nous ? Serons-nous mieux ou plus mal ? Serons-nous ou ne serons-nous pas ? Etre ou ne pas être, telle est l'alternative ; c'est pour toujours ou pour jamais ; c'est tout ou rien : ou nous vivrons éternellement, ou tout sera fini sans retour. Cela vaut bien la peine d'y penser.
Tout homme éprouve le besoin de vivre, de jouir, d'aimer, d'être heureux. Dites à celui qui sait qu'il va mourir qu'il vivra encore, que son heure est retardée ; dites-lui surtout qu'il sera plus heureux qu'il n'a été, et son coeur va palpiter de joie. Mais à quoi serviraient ces aspirations de bonheur si un souffle peut les faire évanouir ?
Est-il quelque chose de plus désespérant que cette pensée de la destruction absolue ? Affections saintes, intelligence, progrès, savoir laborieusement acquis, tout serait brisé, tout serait perdu ! Quelle nécessité de s'efforcer de devenir meilleur, de se contraindre pour réprimer ses passions, de se fatiguer pour meubler son esprit, si l'on n'en doit recueillir aucun fruit, avec cette pensée surtout que demain peut-être cela ne nous servira plus à rien ? S'il en était ainsi, le sort de l'homme serait cent fois pire que celui de la brute, car la brute vit tout entière dans le présent, dans la satisfaction de ses appétits matériels, sans aspiration vers l'avenir.

Par la croyance au néant, l'homme concentre forcément toutes ses pensées sur la vie présente ; on ne saurait, en effet, logiquement se préoccuper d'un avenir que l'on n'attend pas. Cette préoccupation exclusive du présent conduit naturellement à songer à soi avant tout ; c'est donc le plus puissant stimulant de l'égoïsme, et l'incrédule est conséquent avec lui-même quand il arrive à cette conclusion : Jouissons pendant que nous y sommes, jouissons le plus possible puisque après nous tout est fini ; jouissons vite, parce que nous ne savons combien cela durera ; et à cette autre, bien autrement grave pour la société : Jouissons aux dépens de n'importe qui ; chacun pour soi ; le bonheur, ici-bas, est au plus adroit.
Si le respect humain en retient quelques-uns, quel frein peuvent avoir ceux qui ne craignent rien ? Ils se disent que la loi humaine n'atteint que les maladroits ; c'est pourquoi ils appliquent leur génie aux moyens de l'esquiver. S'il est une doctrine malsaine et antisociale, c'est assurément celle du nihilisme primaire, parce qu'elle rompt les véritables liens de la solidarité et de la fraternité, fondements des rapports sociaux.

Supposons que, par une circonstance quelconque, tout un peuple acquière la certitude que dans huit jours, dans un mois, dans un an si l'on veut, il sera anéanti, que pas un individu ne survivra, qu'il ne restera plus trace de lui-même après la mort ; que fera-t-il pendant ce temps ? Travaillera-t-il à son amélioration, à son instruction ? Se donnera-t-il de la peine pour vivre ? Respectera-t-il les droits, les biens, la vie de son semblable ? Se soumettra-t-il aux lois, à une autorité, quelle qu'elle soit, même la plus légitime : l'autorité paternelle ? Y aura-t-il pour lui un devoir quelconque ? Assurément non. Eh bien ! ce qui n'arrive pas en masse, la doctrine du nihilisme primaire le réalise chaque jour isolément. Si les conséquences n'en sont pas aussi désastreuses qu'elles pourraient l'être, c'est d'abord parce que chez la plupart des incrédules, il y a plus de forfanterie que de véritable incrédulité, plus de doute que de conviction, et qu'ils ont plus peur du néant qu'ils ne veulent le faire paraître : le titre d'esprit fort flatte leur amour-propre ; en second lieu, que les incrédules absolus sont en infime minorité ; ils subissent malgré eux l'ascendant de l'opinion contraire et sont maintenus par une force matérielle ; mais que l'incrédulité absolue arrive un jour à l'état de majorité, la société est en dissolution. C'est à quoi tend la propagation de la doctrine du nihilisme.

Lehla lisait attentivement... les sourcils froncés...

Ha... en effet, nous ne sommes pas dans le même registre. Pour tout te dire, je n'ai jamais aimé Nietsche. Sa vision du monde est trop cynique...

Elle la regarda dans les yeux.

Je ne suis pas croyante. Pour moi, après la mort, il n'y a rien. Cependant, j'ai été éduquée dans une éducation juive et arabe, où le respect de l'autre est primordial. Et c'était VRAIMENT primordial pour moi qui suis moitié juive sépharade, moitié palestininenne.

Tes écris sont trop durs... ils n'explorent pas une voie pourtant essentielle: la continuité de soi! Car si nous, personnellement, ne sommes pas destinés à garder éternellement notre acquis et les récompenses de nos efforts, nos enfants sont les héritiers de ce savoir... ou du moins d'une partie. Ils l'enrichissent de leur propre vision du monde. Nous pouvons vivre éternellement, mais c'est plutôt à travers le comportement de nos descendants.

Ainsi, la bonne éducation, la politesse, le respect des autres, ne sont pas naturels mais l'héritage de nos ancètres, de nos pères et mères.

Alors ne nihilisme pur est une abération, tout comme croire que nous pourrions vivre éternellement, NOUS, PHYSIQUEMENT... ou du moins notre âme, notre raison. Dis toi que l'essentiel de ce pour quoi nous nous battons chaque jour sera sauf à travers nos enfants et ceux que nou avons cotoyés.

Tous nos efforts, aussi démesurés soient-ils, nous rendront éternels dans le souvenir des autres si et seulement si cela fait de nous des personnes meilleures.

Etre quelqu'un de bien: voilà le but d'une vie... et faire profiter nos enfants de cet héritage.

Le visage de Lehla était dur. On sentait que cette discussion réveillait des souvenirs qu'elle avait préféré enfouir au plus profond de son âme...

Mais comment des personnes qui n'ont aucune morale, donc ne savent pas ce qui est bien ou mal, peuvent faire des choix qui nuiraient à leur survie dans le but d'accomplir leurs destins.

Pourquoi des personnes qui ont faim et soif n'iront pas voler la première venue pour survivre ?

Pourquoi quand notre propre existence est menacée, nous devons survivre aux dépends des autres ?

Une personne qui n'aurait aucun remord à tuer une autre personne, inculquera les mêmes valeurs, qui l'ont bien permis de survivre, à ses enfants.

Si nous savons que notre existence est misérable et que l'espoir qu'un jour notre bonté ne sera jamais récompensée, pourquoi s'obstiner à faire la charité aux plus démunis ? Pourquoi s'obstiner à ne pas manger de chaire humaine pour survivre ? Pourquoi s'obstiner à ne pas voler ? Pourquoi s'efforcer à enfuir ses désirs les plus répugnants? Pourquoi s'obstiner à être BON tout simplement ?

Si comme tu le dis, nous tendons à être meilleure pour les générations futures, le mal traversera le temps par la même occasion, et engendrera les mêmes souffrances. La pomme ne tombe jamais loin du pommier !

C'est pour cela que le nihilisme n'est que pure destruction.

Oui, le nihilisme n'est que pure destruction. Mais la morale n'est pas tombée du ciel. C'est l'écriture noir sur blanc des principes de la société humaine depuis la préhistoire. Les 10 commandements n'ont rien de révolutionnaire, ils ne sont que les conseils que les sages des tribus préhistoriques préconisaient au sein de leur communauté, afin d'en préserver la cohésion et surtout de maximiser ses chances de survie.

Il y aura toujours des fous et des violents. Mais ils ne construisent rien. La civilisation se fait sans eux. Elle les exclut même certaines fois.

Je crois en la capacité de l'homme à survivre... et cette capacité passe par la collaboration. Il faut voir cela en macro et non au cas par cas pour le comprendre.

Tiens, lis ce que j'avais écris sur le journal La Boîte de Pandore... ça rejoint ce que je t'ai dit à ce sujet...

mmmm, voir ça en macro ? Pourquoi pas ?

Bon je vais te laisser, il se fait tard. Et j'ai beaucoup de boulot qui m'attend, pour les prochaines Lune...

Je suis très contente de ta venue à La Caravane Lehla, bonne nuit.

Bonne nuit à toi aussi. Si par hasard tu cherches à approfondir tes connaissances bibliques, je pourrai t'aider. j'ai été élevée dans une ambiance relativement athée, mais ça ne m'a pas empêché de baigner dans un pays massivement croyant...

Donc les écris, ça me connait!