Il ne reste plus grand-chose à voir, finalement. Toute la vie s’échoue peu à peu dans les méandres de l’inconscience, sombrant dans le chaos, infini et sordide.
Papa est mort il y a bientôt 1 an, la paix qu’il voulait, et qu’il a choisi en venant ici. Tué vilainement avec pour seule motivation de ce crime l’homicide sauvage… il a donc fini sa vie remplie de médiocrités et de tracas dans le doute, celui de la Vérité de cette planète folle pleine de fous.
Je le soutenais moi ! Et l’aimais mon père… Eustache… et encore aujourd’hui, toujours autant.
Et c’est bien pour cette raison, que j’ai choisi bien malgré moi de combattre le malin, le fourbe, le mensonger, et j’en passe ! Qui se glisse à pas de chattons dans les pensées de chacun, menant à l’endoctrinement et au suicide collectif, à la gratuité du sacrifice. Car c’est ça que veulent les gens, être sacrifiés pour une cause, et ne trouvent le repos qu’une fois leurs souhait exaucés, c'est-à-dire, une fois morts.
Et que faire devant toute cette gratuité ? Quand on est huée par une majorité inpensante aux valeurs corrompues ? Je vous le demande ! Il reste plus cas crever au fond d’un semblant de chiotte comme une merde, de la cocaïne plein les veines ! Pour peu qu’on en possède… Car de nos jours mourir est un luxe, de plus quand on ne veut pas en souffrir et partir gaiement dans le plaisir. Mais la misère est là, bien présente, nous tenant dans le creux de sa main bourbeuse.
J’ai lu il y a bien longtemps, quand mon père dansait encore sa vie, comment procéder au Seppuku vulgairement appelé Hara-Kiri. Il fut pour la première fois pratiqué en 1180 après une lourde défaite à la guerre, consistant à l’auto-ouverture du ventre de bas en haut à l’aide d’une lame courte. Le Seppuku offre un suicide honorable aux Samouraïs qui ont manqué à leurs finalité : la mort. Ainsi justifiée par un échec, un déshonneur, cette pratique devint courante et obligatoire jusqu’en 1663, alors abolie.
Miséreuse comme pas une, il ne me reste plus que ça, mon honneur de femme battue, trahie par la raison des hommes, allant de déboires en déboires… et me voici toute mélancolique fin prête à en finir dignement et douloureusement, on meurt comme on vie, qui n’est qu’une ivresse, la Vérité c’est la mort.
Il y a tant de haine et de sang qu'on arrive plus à distinguer le blanc du noir, chaque lendemain est plus précaire, et les projets pour s’en soustraire toujours plus stupides. On veut recommencer là où le monde a commencé, mais toujours, immanquablement, on redescend tout en bas de la muraille, nous persuadant que le destin est insurmontable, que nos nuits seront toujours plus froides et si cruelles.
Je saisis mon couteau de chasse, bien serré entre mes mains toujours innocentes, lame pointée sur mon ventre.
La vie ne défile pas sous mes yeux, comme souvent il est dit… elle est devant moi, toute aride et sèche pleine de mensonges et de certitudes, comme ce désert putride…
D’un geste vif coupant mon souffle, j’enfonce profondément la lame dans ma chair encore en éclosion, et en fini d’en un ultime hoquettement, remontant l’instrument meurtrier dans mon corps branlant, achevant ainsi tout mes soucis.
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