Voici en exclu totale l'article non scientifique que j'ai proposé au seul journal de Pandora:
Que deviendra la société Pandorienne ?
Vaste question. Et pourtant, je défie quiconque de ne pas s’être posé la question, ne serait-ce que pour savoir où les chances de survie pouvaient être maximales. Car il faut tout de même bien être lucide sur notre situation à tous : nous avons été largués dans une arène géante et dangereuse appelée Pandora. Ceux qui croient encore au Nouvel Eden doivent souffrir d’une myopie chronique, car s’ils ouvraient les yeux un tant soit peu, ils verraient que nombre de colons servent désormais d’engrais naturel pour le sol pandorien.
Même si l’idée est assez avant-gardiste, la psychohistoire inventée par le scientifique-romancier Isaac Asimov me semble séduisante pour aborder sereinement le sujet. Selon Isaac Asimov, «La psychohistoire explore, selon sa propre méthode appliquée à des situations historiques, les processus humains, tant collectifs qu'individuels ». Autrement dit, la psychohistoire étudie les mécanismes psychologiques individuels ou collectifs qui sont à la base des comportements et expliquent l'histoire, tout autant passée que présente. Et précisément, la psychopolitique est la psychohistoire en direct, c'est-à-dire l'application de la méthode de la psychohistoire à l'histoire présente, qui se déroule sous nos yeux.
Alors utilisons cette psychohistoire pour se donner une idée de ce qui nous attend. Tout d’abord, posons les bases spécifiques de notre situation :
- Individualisme exacerbé de chaque colon à son arrivée, car il a dû se démerder tout seul pour survivre avant de rejoindre un groupe salvateur, ayant souvent vu ses camarades mourir de faim, de soif ou par manque de soins. Ca marque suffisamment pour enlever le reste d’idéalisme pour beaucoup,
- Mosaïque culturelle du fait des provenances diverses des colons,
- Aucun espoir de retour sur Terre et de liaison quelconque avec les Terriens,
- Ressources variées et exploitables sur la planète,
- Raisons de cette colonisation très variables :
Opportunité de construire et d’implanter un modèle social qui n’a pas marché sur Terre du fait de sa trop grande marginalité (anarchisme, trotskisme, Raëlisme ou toute autre secte, etc.) en profitant du nombre réduit de colons et d’une situation vierge. Jésus et Raël font parti de ces colons.
Fuite du système terrien pour raisons de misère, problème judiciaires, problèmes familiaux, guerre, etc. La plupart des clandestins en font partie.
Opportunité de gain commercial énorme en gagnant un monopole de ressources par exemple. Commerciaux au nez creux ou personnes en manque d’argent croyant y voir l’opportunité unique de leur vie, ces colons ont dû être bien déçus de constater qu’il n’y avait pas de retour sur investissement possible en ces termes…
L’aventure, le New Frontier du 21ème siècle.
- Moyens réduits au strict minimum, puisqu’aucune superstructure n’existe ici,
- Population vouée à stagner. En effet, les premiers colons dont je fait partie ont décollé pour un voyage de 30 ou 40 ans en hibernation… alors que les derniers n’ont eu qu’un voyage d’un an sans hibernation. Les premiers et les derniers sont arrivés quasiment en même temps, mais le manque de retour d’information sur Terre ralentira immanquablement l’arrivée de nouveaux colons. Les arrivées compenseront à peine les pertes. Seule la natalité locale pourra changer cette donne.
Une fois ces idiomes établis, que nous dit la psychohistoire ? Tout d’abord, nous ne démarrons pas de zéro comme beaucoup le pensent. L’humanité à commencé de zéro sur Terre, car il fallait acquérir non seulement les techniques nouvelles, mais surtout les idées nouvelles. La recherche passe plus de temps à changer les esprits pour qu’une nouvelle invention puisse s’insérer dans la vie des gens qu’à trouver cette nouvelle invention elle-même. Contrairement à nos ancêtres, nous avons déjà cette connaissance. Notre problème est plus pragmatique. Ce qui signifie que le temps que nous passerons à « rattraper le temps perdu » sera court. Il y aura bien quelques recherches réelles, comme par exemple notre adaptation et compréhension à ce nouveau écosystème et trouver comment s’en prémunir et s’en servir… ou alors si une nouvelle forme de gisement inconnue sur Terre venait à être découverte. Mais dans une large mesure nous reproduirons (que dis-je… nous reproduisons !) le modèle terrien.
Donc les chances de voir un monde nouveau éclore sont minimes. Nous sommes Terriens et ne deviendrons jamais Pandoriens. Notre culture est celle de la Terre, nous l’avons transportée ici. Et comme nos enfants qui seront conçus sur cette planète n’arriveront probablement qu’après une reconstruction « à la terrienne » de la société pandorienne, ils seront eux aussi Terriens, mais par procuration. Nous recréons donc une nouvelle Terre, et nos modèles sociaux ne seront pas différents de ceux existant sur Terre.
Alors Terre ou Pandora, quels changements ?
Ce n’est pas la nature des sociétés recréées sur ce monde qui diffère avec la Terre, mais leur nouvel équilibre. Ou plutôt leur futur nouvel équilibre. Nous savons quelles grandes tendances ont été majoritairement admises sur Terre (mondialisme, exploitation commerciale et industrielle de la nature, etc.). Rien n’indique que ce choix sera celui prédominant sur Pandora… et rien n’indique lequel ou lesquels seront adoptés.
Alors ? Future société guerrière divisée ou productive soudée ?
Par définition, détruire est plus simple que construire. Regardez un enfant de 2 ans : il détruira avec joie votre château de sable, mais en construire un est beaucoup trop d’effort pour lui. Même si cela est moins évident chez les adultes, il en est de même pour eux. L’acte de construction porte en lui le germe de l’échec, car construire, c’est prendre le risque que ça ne marche pas. Détruire apporte satisfaction et n’engage aucun processus mental qui pourrait amener à la désillusion. Donc si l’on suit ce raisonnement, une majorité des gens (les moins intelligents et les moins volontaires, par pure facilité) sont voués à détruire (même avec des fausses raisons comme les impératifs de la survie), alors qu’une minorité le sont à construire.
Le chaos et l’autodestruction sont donc le futur le plus probable des colons de Pandora… sauf si la prise de conscience globale de notre situation est telle qu’une majorité des « destructeurs » acceptent d’avoir de courage de construire…
Et alors la donne aura changé. Et alors nous avons une chance d’avoir un avenir.
Alors comment envisagez-vous votre propre avenir sur cette planète ? En tant que Destructeur ou en tant que Bâtisseur ?